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Piste de réflexions sur (Mat 16 : 13-28)

Qui est Pierre pour nous ?

 Pierre est  le prototype du chrétien : partagé entre la foi et le doute, la profession de foi et la trahison, il est disciple et adversaire, à la fois fort et faible, aimant et lâche. Pierre reconnaît Jésus comme Messie. C’est un vrai disciple.

Qui est Jésus pour nous ?

 Nous le confondons avec Jean baptiste,  grand ascète. Mais Jésus aime la vie et les autres.  Jésus est le plus grand de tous les prophètes; or il se distingue d'Élie. Il ne prêche pas contre les non croyants, il les invite à entrer dans le Royaume des cieux.  Jérémie est le juste souffrant. Jésus suivra lui aussi la voie de la souffrance. Jésus, lui, n'est pas venu pour nous imposer de souffrir, mais pour nous rendre heureux. Sur la voie de la paix intérieure et de la joie, nous rencontrerons la souffrance ; il ne faut pas la fuir, mais l'assumer et la supporter.

Seul Simon-Pierre répond: «Tu es le Christ, fils du Dieu vivant» (16,16). Le Messie, c'est celui qui libère son peuple de la captivité. Jésus est donc essentiellement celui qui conduit vers la liberté. Le Dieu chrétien, est vivant et dispensateur de vie. Bien voir Jésus et connaître Dieu à travers lui, c'est accéder nous aussi à la qualité de fils ou de fille, à la liberté et à la vie. Nous sommes invités à professer notre foi comme Pierre.

Que signifie : «Tu es Pierre et sur cette pierre je vais établir mon Assemblée. Les portes des profondeurs de la terre ne pourront rien contre elle» (16,18) ?

·   Le roc sur laquelle Jésus bâtit, c'est la foi de Pierre; si tous les chrétiens partagent cette même foi, l'Eglise sera inébranlable ; toutes les puissances ténébreuses du monde pourront bien se déchaîner, elle ne sera pas détruite.

·   Le roc, c'est le Christ lui-même.

·   l'Église est fondée sur le roc si Pierre, avec sa profession de foi, reste vivant dans le pape qui lui succède et le représente.

·   Jésus loue Pierre pour l'intelligence de sa foi : il y voit une révélation accordée par Dieu lui-même ; c'est cette foi qui doit servir de référence aux chrétiens.

Que signifie le verset 19 : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »?

·   L'exégèse catholique a rapporté le pouvoir de lier et de délier à la confession, par laquelle le prêtre a la capacité de remettre les péchés.

·   L'exégèse protestante l'a imputé principalement à la prédication, qui, bien faite, délivre les hommes de leurs entraves et ouvre la porte du Royaume.

·   Pierre et les disciples doivent appliquer les commandements de telle façon que les humains aient accès au Royaume. Le véritable service de Pierre, consiste à interpréter correctement l'enseignement de Jésus, et à comprendre la loi de telle façon qu'elle s'applique à la situation concrète des hommes, à leur véritable nature, et qu'elle leur permette d'entrer dans le Royaume.

La foi que proclame Pierre me lie à Jésus; ce lien, celui de la vraie foi, me libère de tous ceux qui m'ont trop souvent retenu prisonnier.

Comment voir la souffrance.

 Il est bien beau de croire en ce Jésus qui nous conduit vers la liberté et la vie, mais à l'évidence nous ne pouvons esquiver, à notre tour la question de la souffrance. Que nous le voulions ou non, la souffrance nous atteindra, au plus tard avec la mort. Concevoir la voie chrétienne en excluant la souffrance, c'est passer à côté de Jésus. Il ne faut pas esquiver la souffrance. Jésus se propose de nous accompagner aussi quand nous sommes livrés aux mains des hommes et qu'ils nous font du mal, et devant la mort.

Comment faut-il les comprendre ? « Celui qui veut mettre ses pas dans les miens qu'il s'oublie, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive» (16,24).

Qui suit Jésus doit dire non à ses tendances égocentriques qui voudraient accaparer Dieu lui-même. Jésus nous engage à accepter la vie telle qu'elle est. Nous ne devons pas nous approprier Dieu et nous servir abusivement de lui pour que tout aille toujours bien, pour être toujours heureux. Qui veut faire l'expérience de Dieu doit prendre de la distance vis-à-vis de son ego. Il n'est pas question d'interpréter Jésus dans un sens uniquement ascétique, comme s'il nous fallait mortifier toutes nos passions, mais nous devons regarder d'un œil critique notre avidité, notre tendance à vouloir tout accaparer et à rester obstinément centrés sur nous-mêmes, à tirer Dieu lui-même vers le bas. Celui qui est fixé sur son petit moi ne dépasse pas le stade de l'« autoconservation angoissée » Celui qui suit le Christ voit son cœur se dilater, il tend vers Dieu la fragilité de son moi. La véritable expérience de Dieu n'est possible que dans ce détachement.


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Modifié le  14-02-2012.