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A propos du film de Mel Gibson

The Passion of the Christ

Par M. Bertrand Ouellet

Paru dans "Vivre en Èglise" 8 mars 2004

Ce n'est pas un film facile. Tourné en langues anciennes l'araméen et le latin —, il ne sera distribué qu'en version sous-titrée. Le public n'y est guère habitué. Et les images sont souvent d'une brutalité excessive. Ce n'est ni un divertissement ni un spectacle pour toute la famille.

On en parlera beaucoup. Des groupes bien organisés y verront. Ils sont déjà à pied d'oeuvre. Il y a ceux qui y voient matière à controverse ; ils crieront haut et fort, dénonceront, s'indigneront. Et ceux pour qui le film est un don, ou même un miracle de Dieu pour notre temps, le film sera pour eux objet de dévotion, voire de culte.

Mel Gibson réussira donc, sans doute, à attirer l'attention de l'opinion publique, pour un certain temps, sur la figure du Christ souffrant. Ce faisant, il relance une question à laquelle nous ne pourrons pas nous dérober. II y va de notre capacité à rendre compte de notre foi et de notre espérance.

L’œuvre d'un croyant

II ne fait aucun doute que The Passion of the Christ est l’œuvre d'un croyant dont les motivations sont profondément religieuses. Dès le début apparaît à l'écran une citation du livre d'Isaïe faisant référence au personnage anonyme qu'on a appelé le «Serviteur souffrant» et qui est
« transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. » C'est la clé pour comprendre la suite.

Le réalisateur, l'acteur Mel Gibson, fait sienne, sans détour et sans réserve, la proclamation qui retentit depuis les origines de la foi chrétienne: (le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures», «crucifié pour nous sous Ponce Pilate». D'après les évangiles, c'est Jésus lui-même qui, quelques heures avant son arrestation, a voulu donner cette signification à sa mort. Nous l'entendons à chaque célébration de la messe. «Ceci est mon corps livré pour vous. Ceci est la coupe de mon sang versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. »

Corps livré pour vous. Sang versé pour la multitude. Crucifié pour nous. Mort pour nos péchés. Si on ne les avait pas entendus si souvent, ces mots nous feraient frémir. Voir dans le supplice atroce infligé à cet homme l'accomplissement de la volonté de Dieu et en faire une «bonne nouvelle» — un évangile — de salut et de pardon dépasse à prime abord toute compréhension rationnelle. Une telle affirmation exige des pasteurs et des catéchètes qui la commentent un haut niveau de prudence, de sagesse et de compétence. Au long des siècles, elle a donné lieu à de nombreuses interprétations, ainsi qu'à bien des dérapages. On a parlé d'expiation, de rachat, de châtiment, de salaire pour le péché, de sang purificateur, de satisfaction pénale et même d'apaisement de la colère de Dieu. Qu'on pense seulement au chant du Minuit, chrétiens! où l'homme-Dieu descend du ciel «pour effacer la tache originelle et de son père arrêter le courroux». On a vu se développer des dévotions à la croix et aux souffrances de Jésus, voirer à ses plaies, ainsi que toutes sortes de débordements pseudo-mystiques allant jusqu'au masochisme et à l'automutilation.

Transposer au cinéma l'affirmation selon laquelle Jésus sauve l'humanité par ses souffrances et sa mort est donc tout un défi. Dans le contexte culturel actuel, c'est un pari dont l'enjeu est grave, car le risque d'interprétations simplistes et réductrices est toujours grand. A preuve, déjà, cette affiche de promotion du film qui porte le sous-titre Dying was his reason for living. Traduction littérale : Mourir était sa raison de vivre. Hors contexte, on pourrait croire qu'il est question d'une personne suicidaire ou psychologiquement dérangée. Que comprendront les passants qui verront l'affiche dans le hall d'une salle de cinéma?

Un chemin de croix bouleversant

Comme le titre l'annonce, il ne s'agit pas d'une «vie de Jésus». Quand le film commence, Jésus est déjà au jardin de Gethsémani. Un personnage que l'on reverra plusieurs fois à l'arrière-plan et qui figure Satan lui dit «Aucun homme ne peut porter tous les péchés du monde », mais dans l'angoisse et la prière, Jésus accepte son destin. Il est vite arrêté, enchaîné, frappé, battu, défiguré et brutalement conduit à ses juges.

Ce que l'on retiendra le plus de la suite, sans doute, sera le traitement visuel très réaliste des sévices qu'il subit. On ne nous épargne aucun détail, aucun coup, aucune plaie. La flagellation, par exemple, en deux longues séances, est interminable. Ce sera insupportable pour beaucoup de spectateurs.

Pour qui connaît déjà l'Évangile et a mis sa foi en Jésus Christ, voir le film pourra s'avérer une expérience spirituelle particulièrement intense Même si on connaît déjà l'histoire dans ses moindres détails, même si toutes les scènes, toutes les répliques sont familières, on sera touché, profondément ému bouleversé. Plusieurs témoignages en ce sens ont déjà été publiés. Ce Jésus torturé, c'est quelqu'un que l'on connaît, que l'on fréquente dans la prière, que l'on aime. Impossible d'être indifférent à cette illustration brutalement explicite de son supplice. Je crois même que le visionnement du film pourra s'inscrire dans une vie spirituelle qui fait déjà place, par exemple, à la pratique du chemin de croix ou à la méditation des mystères douloureux du Rosaire, lesquels sont illustrés par Gibson dans les moindres détails.

Jésus, le Juif

Il y a des choses magnifiques dans ce film. Plusieurs scènes m'ont frappé par leur finesse évocatrice et leur justesse théologique.

Il faut parler en premier lieu de l'accent qui est mis sur la judéité de Jésus, de sa famille, de ses proches. Par la langue notamment. À l'exception des Romains, tous s'expriment en araméen. On entend donc Jésus parler dans sa langue maternelle. Quand il prie, il dit Abba, et non Père. Quand sa mère lui parle, elle l'appelle Yeschoua, et non pas Jésus. La sonorité de cette langue sémitique crée une atmosphère tout à fait particulière, comme par exemple pour le dernier repas de Jésus, dont on voit des images en flash-back pendant la crucifixion. Ou quand un disciple vient en courant réveiller Marie pour lui dire que son fils a été arrêté: elle répond en parlant du sens de cette nuit et des événements qui vont se produire, en des termes très proches de ce que le livre de l'Exode dit de la nuit de la Paque juive, la nuit du seder. Jamais, je pense, n'a-t-on présenté aussi justement le juif Jésus. On a envie de paraphraser saint Jean: Au commencement était le Verbe... El le Verbe s’est fait Juif.

Autre scène, pendant la montée au calvaire: un soldat romain interpelle avec mépris un passant — Eh! toi le Juif - et le force à aider Jésus à porter sa croix. Les images qui suivent sont très fortes. Jésus et ce Simon de Cyrène enlacent la croix de leurs bras entrecroisés et continuent ensemble en titubant vers le lieu du supplice. Ce n'est pas seulement la croix qu'ils portent, mais la haine et le mépris des soldats et de la foule. Et plus encore, car dans la logique de ce film ce que porte Jésus, c'est tout le poids de l'histoire humaine, c'est le péché du monde. Et ici, il le porte symboliquement avec son peuple.

On a beaucoup écrit, ces derniers mois, sur le caractère supposément antisémite de ce film. Je crois que c'est tout à fait injustifié. Oui, bien sûr, les chefs juifs y font preuve d'une détermination implacable et sont prêts à toutes les bassesses pour obtenir de Pilate la condamnation de Jésus. Mais Gibson n'invente rien: il utilise des répliques tirées mot à mot des évangiles. Par exemple, quand Pilate refuse d'endosser la responsabilité de la mort de Jésus, la foule répond ; « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants. » Est-ce antisémite que de le citer? Dans le contexte, c'est bien plus les institutions religieuses, les intérêts politiques et la compromission avec le pouvoir qui sont visés. Tout au long du film, tant les Juifs que les Romains sont présentés de façon à mettre en évidence la complexité des motivations, l'ambivalence des personnes et la diversité des attitudes. Ni les uns ni les autres ne sont jugés en bloc.

L'homme Jésus et sa mère

Une belle surprise est la représentation des personnages de Jésus et de Marie, sa mère, et de leur relation. Jésus est joué de façon solide. C'est une personne concrète, un homme physiquement fort: on peut croire que c'est un ouvrier manuel, un charpentier. Marie, quant à elle, n'a rien de la madone ou de l'image pieuse. Elle n'est ni la mère éplorée ni la Vierge des douleurs. Elle parle peu mais a une forte présence. Il y a entre elle et son fils une connexion, une complicité qui dépasse le simple lien familial. Gibson s'inspire fortement de l'évangile de Jean et de la longue réflexion de l'Église sur la participation de Marie à l'œuvre rédemptrice de Jésus. Il y a donc (au moins) deux niveaux de lecture : celui de la réalité humaine et familiale concrète et celui du sens théologique des événements. Dans le scénario de Gibson, les personnages de Jésus et de Marie agissent consciemment et librement aux deux niveaux.

Quand par exemple Marie attend, cachée dans une ruelle, que Jésus portant sa croix passe à proximité, tout dans son attitude, son visage, son silence est éloquent. Elle réussit à se faufiler dans la foule pour parler à son fils. Gibson met alors dans la bouche de Jésus une phrase que l'Apocalypse attribue au Christ trônant dans la gloire céleste: «Voici que je fais toutes choses nouvelles». C'est comme si le temps s'arrêtait ou plutôt comme si la fin des temps faisait irruption dans le présent. On comprend, avec Marie, que le drame qui se joue n'est ni insensé ni l'œuvre de forces aveugles. Jésus et sa mère, dans ce moment douloureux où les regards parlent plus que les mots, sont les seuls à percevoir la portée et la dimension eschatologique de cette montée vers le calvaire.

Le lavement des pieds et l'Eucharistie

Bien que le film commence dans la nuit de l'arrestation de Jésus, plusieurs scènes présentent, en flash-back, quelques éléments de sa vie et de son enseignement. La sélection de ces passages et du moment de leur insertion dans le récit a de toute évidence été faite avec soin L'intention est théologique autant que narrative.

Ainsi, c'est pendant son supplice qu'est évoqué l'enseignement de Jésus sur l'amour qui inclut les ennemis et qui va jusqu'au don de sa vie. Le lavement des pieds, comme symbole du service inconditionnel des autres, est introduit quand Jésus est étendu par terre après la flagellation et pose les yeux sur les pieds maculés de sang d'un des bourreaux. L'institution de l'Eucharistie est insérée pendant la crucifixion elle-même: quand Jésus dit du pain que c'est son corps livré, on le voit être cloué sur la croix : quand il tient la coupe, on voit son sang couler.

Ces associations de scènes et d'images sont cohérentes et s'inscrivent tout à fait dans la logique et la visée du film: présenter la souffrance et la mort de Jésus comme le pivot non seulement de l'Évangile mais de toute la destinée humaine. La foi chrétienne n'est pas une histoire à l'eau de rose ou un conte pour les enfants. C'est le drame du salut qui se joue. Un drame aux proportions cosmiques qui rejoint chaque personne, en tout lieu et en toute époque, jusque dans sa vie et ses décisions les plus personnelles.

Il faut reconnaître qu'il faut un certain bagage théologique, pour ne pas dire une certaine érudition pour tout voir, tout décoder ce que Mel Gibson a mis dans cette oeuvre. Certes, les images parlent souvent par elles-mêmes et le public d'aujourd'hui est plus habilité qu'on ne le croit parfois à comprendre leur langage.

Le film a cependant plusieurs défauts, et non des moindres.

Une illustration d'inspiration plus apocryphe qu'évangélique

Contrairement à toute une tradition qui s'est développée surtout à partir du Moyen-Âge, le Nouveau Testament est très réservé sur la description des souffrances de Jésus. Les textes évangéliques se démarquent par leur extrême retenue et leur pudeur par rapport à l'horreur des tortures infligées au Christ. C'est par ailleurs caractéristique de la littérature apocryphe que d'essayer de meubler les silences des évangélistes. L'évangile selon saint Matthieu, par exemple, ne s'attarde vraiment pas sur la flagellation: «Alors (Pilate) leur relâcha Barabbas: quant à Jésus, après l'avoir fait flageller, il le livra pour être crucifié.» (ch. 27, v. 26) La crucifixion est décrite avec autant de sobriété : ((Arrivés à un lieu dit Golgotha, c 'est-à-dire lieu dit du Crâne, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel; il en goûta et n'en voulut point boire. Quand ils l'eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort. » (ch. 27, v 33-34). Les trois autres évangélistes sont tout aussi laconiques.

Dans The Passion of the Christ, au contraire, on a droit à deux très longues scènes de flagellation, la seconde étant encore plus terrible et cruelle que la première et se prolongeant au-delà de toute raison. Les personnages des bourreaux, des soldats sadiques, sont tellement caricaturaux qu'on voudrait en rire si la scène n'était pas si épouvantable. De fait, on a peine à croire que Jésus n'en meure pas et qu'il puisse se relever, se tenir de nouveau devant Pilate et entreprendre la longue marche vers le calvaire. Quant à la crucifixion, non seulement chaque clou a droit à une mise en scène élaborée mais ensuite, comme s'il fallait encore ajouter aux tortures du crucifié, des déplacements brutaux de la croix interviennent avant qu'elle ne soit finalement plantée en terre. On est loin, très loin de la retenue évangélique. Gibson puise son inspiration à d'autres sources que le Nouveau Testament.

Quelques ratés

Gibson aurait pu développer beaucoup plus le niveau symbolique, comme il le fait avec le personnage étrange qui hante le film en arrière-plan et que personne ne voit, sauf peut-être Jésus. Quand un serpent sort de ses vêtements et se glisse vers Jésus prostré sur le sol à Gethsémani, on comprend qu'il s'agit d'une figure satanique. Quand Jésus se lève et écrase le reptile du pied, c'est comme s'il relevait le défi, comme si le duel était commencé. Pas nécessaire de connaître la source biblique de l'image pour comprendre. Mais tant l'identité que le rôle de ce personnage sont mal arrimés au reste du scénario et ses dernières apparitions sont carrément énigmatiques.

Le traitement cinématographique de la résurrection de Jésus est bien décevant. La caméra montre le suaire sur la dalle de pierre dans le tombeau, puis Jésus, nu, assis au bout, sans expression. Il se lève et sort de l’image. Fin de film. Une lecture fondamentaliste s’en contenterait peut être, mais cela me paraît bien faible. Les textes évangéliques eux-mêmes réussissent seulement avec des mots, à nous faire comprendre que Jésus est vivant d'une toute nouvelle façon et que son rapport au monde, comme Seigneur glorifié, est complètement transformé: c'est bien lui, mais on peut marcher avec lui toute une journée sans le reconnaître ; on peut le toucher, on voit ses plaies, mais il apparaît et disparaît comme un esprit; il est monté au ciel mais il est avec nous pour toujours... Ce n'est clairement pas de la seule réanimation d'un cadavre qu'il s'agit. De plus, tout le Nouveau Testament proclame que la Résurrection est bien autre chose qu'un simple épilogue. C'est elle qui est le centre de l'événement du salut et qui donne sens à la Passion, et non l'inverse. On n'aurait jamais écrit le récit de la Passion ni, de fait, les évangiles eux-mêmes, si on n'avait pas d'abord cru au Seigneur Jésus ressuscité. Ce n'est évidemment pas facile de dire cela en images, au cinéma, mais on a l'impression que Gibson n'a même pas essayé.

Un récit qu'il ne faut pas isoler

Peut-on prévoir les réactions au film des gens qui connaissent peu ou mal la foi chrétienne, ou qui y sont complètement étrangers? Ils seront sans doute partagés. Certains seront touchés, sans doute, et voudront même en savoir plus sur ce Jésus et sur sa destinée. Mais il s'en trouvera qui n'y comprendront rien et tourneront le film en dérision ; qu'est-ce que c'est, dira-t-on peut-être, que cette obsession maladive pour le supplice et la mise à mort d'un Juif d'il y a deux mille ans? Cela risque de consolider une opinion déjà très négative sur le christianisme. Le mot même de «passion» sera une énigme pour un public qui ne connaît de passion, que celles des passionnés. D'autres, décodent l'œuvre à partir d'horizons, de cultures et de préoccupations diverses, pourront s'indigner en voyant telle scène ou en entendant telle phrase sans en connaître le contexte historique et scripturaire On peut même imaginer qu'un certain public, friand d'œuvres violentes et sanglantes, aimera le film pour des raisons diamétralement opposées aux intentions du réalisateur.

Le récit de la Passion n'est pas compréhensible sans la parole de foi qui l'accompagne et lui donne sens. Il ne peut faire cavalier seul. On le voit dès le Nouveau Testament: ces récits n'y sont pas des entités autonomes mais sont inclus dans les quatre évangiles. Quand le lecteur en arrive à l'arrestation dans le jardin de Gethsémani, il sait déjà qui est Jésus, d'où il vient, ce qu'il a dit et fait, ce que ses disciples et la foule disent de lui et ce que ses ennemis pensent et trament à son sujet. Et chaque évangéliste prend soin de rappeler à sa façon dès le début de son livre que c'est toujours du Seigneur Ressuscité que l'on parle. Le récit de la Passion n'a pas de sens sans la foi pascale.

L'art de raconter au cinéma a aussi ses exigences. Le public doit pouvoir établir une sorte de connexion avec le personnage principal afin de vibrer à ce qui lui arrive. Pris isolément, le film de Mel Gibson ne le permet pas; on entre dans la Passion sans préparation, sans préambule. Chacun la comprendra à la lumière de sa culture, de sa formation religieuse et de son cheminement personnel. Beaucoup en sortiront, je le crains, avec des interprétations tordues. Certains en garderont probablement des impressions morbides qui marqueront longtemps leur perception de la foi chrétienne. D'autres seront inquiétés, troublés et ne sauront que faire de ces sentiments.

La vraie question

Mel Cibson a fait le film qu'il voulait faire. C'est son droit Nous pouvons y voir du bon, car il y en a eu du moins bon. C'est notre droit.

Pour l'Eglise, le véritable enjeu n'est pas l'accueil que l'on fera au film en tant que film. La critique, le public et les médias s'en chargeront et il faut prévoir un déferlement d'opinions divergentes.

Car l'important ne sera pas d'avoir une opinion sur le film, mais d'être en mesure de répondre aux questions sur le Christ que le film soulèvera. Tel est l'enjeu pour l'Église. Toute personne qui a une responsabilité pastorale ou catéchétique pourra être interpellée, qu'elle ait vu le film ou non. Fallait-il vraiment que le Christ souffre autant ? Peut-on croire que Dieu voulait ou exigeait une telle horreur? Qu’est-ce que ça veut dire « mourir pour nos péchés » ? Comment peut-il y avoir un lien entre cette Passion et mes péchés ? Pourquoi le Credo dit-il que Jésus a été «crucifié pour nous » ? Qu 'est-ce qu’on veut dire quand on dit que «Jésus nous a sauvés » et quand à la messe on répète toujours ses paroles : « Ceci est mon corps livré pour vous» et « Ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés » ? Pourquoi faut-il toujours parler de la mort de Jésus ? Etc...

Ces questions ne sont pas faciles. Mais nous ne pouvons pas nous dérober.

Il y va de notre responsabilité à rendre compte de notre foi. Et de notre espérance.

    Bertrand Ouellet
    directeur général
    Communications et Société


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Modifié le  14-02-2012.